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TIBET - Situation politique - synthèse* au 11/11/2008 (avec de multiple liens pour en savoir plus)
Source Damien
Aujourd'hui, au Tibet, les 6 millions de Tibétains sont soumis, depuis 8 mois, à une brutale répression imposée par Pékin. Rien qu'à Lhassa, 45.000 soldats seraient venus renforcer les troupes locales. Depuis peu, les patrouilles se multiplient et des snipers ont même pris position autour du Temple principal (Jokhang). Pékin craint des réactions populaires après l'échec des récentes négociations avec les envoyés du Dalai Lama.
Le Tibet (5x France en surface) est la "plus grande prison au monde": le régime chinois n'y respecte aucun des droits humains fondamentaux. La torture est systématique, parmi bien d'autres cruautés (ex: récits écrits/vidéo de Palden Gyatso, de Ama Adhe, et d'autres anciens prisonniers politiques). Désormais 14 leaders chinois sont en ligne de mire de la Justice espagnole pour "génocide sur le peuple tibétain" (entre 1950-2006) et pour "crime contre l'humanité envers le peuple tibétain" (2008).
En 2008, les premières victimes furent les courageux Tibétains qui se sont sacrifiés depuis le 10 mars, pour rappeler au monde les souffrances endurées par leur peuple. 8 mois après, le bilan humain est toujours impossible à faire, en raison du black-out sur le Tibet. Ainsi, encore aujourd'hui au Tibet:
Le Centre Tibétain des Droits de l'Homme et de la Démocratie a pu recueillir de rares témoignages qui permettent de relativiser encore plus les chiffres chinois officiels. Le TCHRD donne actuellement ce bilan minimum :
Malgré ces 8 mois de répression intense, et près de 60 ans d'occupation depuis 1950, les Tibétains au Tibet n'abdiquent pas. Mais leur désespoir va croissant. Avec l'exemple récent de Lhundrup Zhuwa, jeune Tibétain de 17 ans, qui s'est suicidé du haut de son école " pour prouver à la communauté internationale que les Tibétains sont réellement privés de libertés et des droits humains fondamentaux, en espérant que les Tibétains se battront sans relâche pour leur liberté", dit-il dans sa lettre.
Le 10 mars 2008, les manifestations ont commencé (*) à partir du monastère de Drepung près de Lhassa. Beaucoup de laïcs ont ensuite pris le relais, à Lhassa et partout au Tibet, et même en Chine. Le Dalai Lama disait: "Partout dans les trois régions du Tibet, les citoyens tibétains ont montré leurs profondes souffrances et leur désespoir, en faisant preuve d'un grand courage. Ce n'était pas seulement des religieux. Il y avait notamment parmi eux des fonctionnaires du gouvernement et des étudiants, y compris ceux de l'Université Centrale des Minorités à Pékin."
Des milliers de religieux ont été arrêtés ou ont disparus. Les monastères les plus actifs - comme Kirti, Drepung, etc. - sont toujours encerclés par les forces de l'ordre. Avec interdiction pour les moines et les nonnes d'en sortir sans autorisation, et obligation de subir d'odieuses séances de "re-éducation patriotique", aux relents de révolution culturelle, etc.
Principales raisons du Soulèvement exceptionnel de la population tibétaine en 2008 au Tibet :
En 2008, les Tibétains ont profité des feux médiatiques braqués sur la Chine et ses J.O. pour se faire entendre du monde entier. La communauté internationale est bien plus sensibilisée qu'avant sur la Cause Tibétaine. Et le monde entier a pu voir le vrai visage hideux de la dictature chinoise. Les pressions politiques se sont alors accrues sur Pékin, hélas, sans succès immédiat.
Echec de la stratégie de la "voie médiane"
Le Dalai Lama avait proposé en 1988, devant le Parlement Européen, de ne plus revendiquer l'indépendance du Tibet en échange d'une "autonomie relative" à l'intérieur de la Chine: option dite de la "voie médiane".
Les 4 et 5 novembre 2008, les envoyés du Dalai Lama ont rencontré des responsables politiques chinois. C'était la 8e entrevue depuis 2002, et la 2ème en 2008 après celle de juillet. Le compte rendu des Tibétains sera connu le 17 nov. 2008 à Dharamsala.
Ce 10 novembre, le pouvoir chinois a déclaré officiellement que les récentes discussions à Pékin avec les émissaires du Dalaï Lama avaient échoué – en imputant bien sûr la faute aux Tibétains - indiquant que Pékin ne ferait "jamais de concession" sur le statut de la région, ne serait-ce qu'une "semi-indépendance".
En fait, la stratégie chinoise a toujours été de faire croire, hors de Chine, qu'un dialogue avait lieu avec les Tibétains... Sans jamais rien accorder; en jouant la montre en attendant la mort du Dalai Lama (pariant sur la déstabilisation des Tibétains et une perte d'audience internationale); tout en transférant, chaque jour, encore plus de Chinois au Tibet, surtout depuis 2006 avec le train Pékin-Lhassa qui facilite aussi la récupération des minerais du Tibet et le déploiement rapide de l'armée chinoise.
Le 25 oct. 2008, le DL avait d'ailleurs déclaré, en public, ne plus croire à la possibilité d'aboutir à une solution avec les leaders chinois actuels: "Difficile de communiquer avec des gens qui ne croient pas à la vérité. J'ai dit clairement que je croyais toujours au peuple chinois, mais que ma foi dans le gouvernement chinois s'amenuise de plus en plus." En ajoutant "Jusqu'à présent, nous avons choisi un chemin qui n'a eu aucun effet sur notre objectif principal, qui est d'améliorer la vie des Tibétains au Tibet. Maintenant, il n'y a plus de raison de suivre le même chemin sous prétexte que c'est celui que nous avons suivi..."
Aussi, le Dalai Lama, âgé de 73 ans, a décidé de repenser sans tarder la stratégie de lutte des Tibétains, en impliquant ses compatriotes exilés dans une réflexion sur les alternatives possibles. A condition d'être non-violente, aucune option n'est exclue, notamment la revendication légitime de l'indépendance du Tibet, que réclament des mouvements non-violents comme le Tibetan Youth Congress (congrès de la jeunesse tibétaine; la principale organisation non-gouvernementale tibétaine), Students for a Free Tibet (Etudiants pour un Tibet Libre), de nombreux intellectuels et activistes tibétains, etc.
Actions à court terme:
L'ampleur exceptionnelle de la mobilisation du peuple tibétain en 2008, au Tibet et dans le monde entier, celle de leurs partisans internationaux, et ce débat au sein de la communauté tibétaine sont de nature à faire grandir l'espoir, alors même que le peuple tibétain continue à subir une terrible répression, et que cette civilisation spirituelle unique est en danger de disparition.
Seuls, les Tibétains ne réussiront pas. La clef se trouve dans la détermination des citoyens des pays libres à vouloir défendre et promouvoir leurs valeurs de liberté et de respect des droits de l'homme, en pressant leurs propres représentants politiques.
Et c'est en Chine (aujourd'hui sous le joug d'une dictature nationaliste) que ces valeurs, défendues par un petit nombre croissant de Chinois au courage exceptionnel (Hu Jia, etc.) - doivent l'emporter coûte que coûte. Pour une démocratie un jour à Pékin.
Le Tibet est sans doute la "métaphore de notre liberté" écrit Claude Levenson dans son livre 'Tibet, la question qui dérange'.
La Cause tibétaine est la nôtre. A nous de réagir, maintenant. Le temps joue contre les Tibétains, le peuple chinois et nous tous!
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PS: ce résumé ne prétend pas tout évoquer. Il faut citer d'autres dangers majeurs liés à la colonisation chinoise du Tibet:
(*) Il s'agit d'une compilation d'informations parues en français ou en anglais sur des sites tels que TCHRD, PHAYUL (compilation d'articles), Axion Tibet, Tibet-info.net, Tibet.fr, Communauté Tibétaine de France, Alternative Tibétaine, etc.
Chronologie des événements de mars 2008 au Tibet: vidéo téléchargeable réalisée par le TCHRD.
Pour agir en faveur du Tibet, mieux vaut d'abord se rapprocher d'une association pro-tibétaine qui vous conseillera.
> Répertoire des assoc. pro-tibétaines: International Tibet Support Groups. Et parcourir les "liens utiles" des sites évoqués ici.