Compte Rendu de nos actions en Inde - 2007
Commençons par une phrase du Dalaï-Lama qui résume merveilleusement bien la philosophie de notre association par rapport à l’aide humanitaire.
« Si vous avez beaucoup d’argent, la meilleure façon de l’utiliser est d’aider les pauvres, ceux qui souffrent, et d’une manière générale de rendre les habitants de la terre plus heureux en apportant des solutions à leurs problèmes.
Aider les pauvres ne veut pas dire simplement leur donner de l’argent. Cela veut surtout dire leur permettre de s’éduquer et de se soigner, et les rendre capables de pourvoir à leurs propres besoins. »
C’est la troisième année consécutive que nous nous rendons en Inde à Dharamsala.
Au fil du temps, nous nous sommes de plus en plus intégrés à la population et nous avons pu prendre conscience d’une façon plus approfondie des problèmes relatifs aux réfugiés tibétains.
De plus en plus, nous nous orientons vers une aide personnalisée.
A cela plusieurs raisons, la première étant que nous nous sommes aperçus que les grosses structures officielles ne manquaient pas de sponsors et les familles rencontrées par l’intermédiaire des tibétains ou indiens rencontrés sur place sont de celles (et il y’en a beaucoup) qui ne demandent pas d’aide aux officiels : timidité, pudeur et fierté ….
Nous en avons pris conscience en les fréquentant et grâce à toutes les connaissances que nous nous sommes faits sur place et qui peu à peu nous ouvrent les yeux et les portes à certaines réalités.
. Le Kempo Nawang que certains d’entre vous connaissent car il est venu en France en mai dernier fait partie de ceux qui nous ont beaucoup aidés.
Par exemple en refusant de venir avec nous visiter certaines familles. A notre surprise, il a répondu : « Je suis un Lama et ils auraient honte de leur misère devant moi »
Cela peut paraître surprenant car Nawang est tibétain et pauvre, mais il a un statut de Lama et il faut se resituer chez une population très spirituelle et très axée sur les principes Bouddhistes qui font partie intégrante de leur vie.
Tout ceci et surtout les visites que nous avons effectuées chez les familles, leur conditions très précaires de vie et les besoins énormes que nous avons rencontrés nous ont peu à peu orientés vers une autre forme d’aide : l’exemple que nous avons de la famille de Tashi Dorjee que nous avons connu l’an passé, malade, faible, vivant avec sa femme , sa belle sœur et les 2 enfants en bas âge (depuis sa femme à accouché d’une petite fille Tsi Tsi, petite souris en tibétain …) dans une petite chambre d’hôtel au Green et que nous avons retrouvé cette année, travaillant dans un petit shop et la fierté qu’il a de nous montrer que grâce à l’aide que nous lui avons donnée et grâce à son travail , il s’en sort, a retrouvé une vie sociale et le respect de lui-même. Nous avons pensé qu’il serait bons de continuer à l’aider jusqu’à ce qu’il soit complètement indépendant (actuellement il travaille en dépôt vente).
Tashi nous a présenté bien des familles qui ont besoin tout comme lui d’un petit coup de pouce, il nous a été impossible d’aider tout le monde.
Et nous devons préciser que malheureusement, nous avons dû refuser de nombreuses aides faute de moyens d’où la nécessité de récupérer des fonds.
Néanmoins, de plus en plus, notre association tend à venir en aide aux familles défavorisées en leur donnant les outils leur permettant de devenir indépendants financièrement.
Cette année, nous avons renouvelé l’opération de Tashi en achetant des tissus pour un couple de couturiers qui devrait à moyen terme s’autogérer.
Cet achat va leur permettre de démarrer leur petit job…. Et c’est Tashi lui-même qui va leur céder un petit coin de son shop pour leur permettre de débuter ….
En octobre, nous verrons comment ils ont géré le stock que nous leur avons acheté.
Actions concrètes sur place :
Don au Centre de réfugiés de Dharamsala,
Renouvellement des Parrainages de nos 2 personnes âgées, Noryak et Tséring. Nous avons acheté à Noryak un châle et une veste très chaude pour affronter l’hiver.
Là où ils vivent pas de chauffage et l’hiver est froid.Tséring, notre retraité très actif a demandé une paire de chaussures chaudes et légères …
Pour les autres pensionnaires du Centre que nous avons souhaité « gâter » un peu, nous avions fait venir, avec l’aide de Nagwang des moulins à priéres de Delhi, nous avions remarqué l’an passé que certaines personnes âgées avaient fabriqué leur moulin à l’aide de bouteilles en plastique … pas vraiment pratique !!!! et pour les autres, sur l’avis du directeur du Centre, nous leur avons distribué 50 roupies (environ 1€) afin de s’acheter un thé et qqs friandises.
Aide d’urgence à une famille pauvre (Tséring Namgyal) et parrainage d’un des enfants (PH a payé 3 mois de parrainages et c’est un parrain en France qui prendra le relais) l’association pouvant parer aux urgences mais non pas s’engager à long terme pour sponsoriser, mis à part nos personnes âgées.
Financement de l’opération de la fille de Tashi atteinte de difformité à un pied : un premier voyage à Shandigar a eu lieu en novembre avec consultation et radios, un deuxième voyage a eu lieu en décembre et une autre consultation et voyage va avoir lieu le mois prochain. L’argent de l’opération et les prises en charge des voyages a été confié à Péma, le représentant officiel des parrainages sur Dharamsala. Tashi doit obligatoirement lui rapporter les justificatifs de toutes les dépenses lors de ses séjours à l’hôpital.
Aide financière pour un de nos filleuls, Karma, qui est en train de perdre la vue : remboursement de ses soins médicaux et prise en charge de tous les soins futurs (une collecte avait été faite pour ce cas, nous avions récupéré 835€) 300€ ont servi à rembourser les frais engagés et 500€ ont été laissés à Germaine pour subvenir aux soins futurs.
Achat d’une bâche pour un indien pauvre (cette bâche est en fait le toit de son habitation car il vit d’une façon précaire dans un village de toiles). Il travaille comme cordonnier en face du Green hôtel et cela fait 3 ans que nous le connaissons.
Paiement de loyer d’un mois pour un tibétain, (professeur d’anglais) qui veut aider les tibétains nouvellement arrivés et qui ne parlent pas anglais (langue parlée partout en Inde). Mo donne des leçons bénévolement, mais ne travaillant pas lui-même il a beaucoup de mal à assumer la location de la salle de cours. Mo est un jeune tibétain de la région du Kham, très pauvre, et dans un état de santé assez précaire (tuberculose). Très intelligent, il étudie afin de devenir traducteur de philosophie bouddhiste.
Envoi de 500€ au Gueshé du monastère de Séra pour l’aider dans l’éducation des moinillons (filles et garçons) dont il s’occupe.
En compagnie de Nagwang, nous sommes allés rendre visite aux 7 enfants dont il s’occupe à l’école de Bir. Ces jeunes tibétains ont traversé l’Himalaya afin de rejoindre la communauté Tibétaine en exil. Ils viennent tous du Kham et cela va de soi, ils se retrouvent sans famille à Bir. Kempo les aide avec le peu de moyens dont il dispose. Nous l’avons aidé en achetant pour les enfants les articles de première nécessité dont ils avaient un besoin urgent (shampooing, savon, dentrifice, crayons et cahiers) et nous avons donné de l’argent à Kempo pour leur acheter quelques vêtements chauds pour l’hiver.
Nous sommes allés visiter, en compagnie de Francis Longavesne, le Centre d’Handicapés (Photo1, Photo2) situé à côté du Norbulinka, à environ 15 kms de Dharamsala. Nous leur avons acheté de l’artisanat fabriqué par leurs soins (cartes postales, peintures)
Nous avons également rapporté de l’artisanat pour l’association : châles, cartes, pins, etc …
Nous avons organisé comme prévu une grande puja dédiée aux tibétains de la communauté de Bir et Chauntra. Puja de Tara qui a eu lieu dans un des temples de Bir. Environ 50 moines ont participé et + de 150 tibétains se sont déplacés. Nous leur avons offert une puja avec Sock, c’est-à-dire avec offrandes (gâteaux, fruits secs, nouilles, cakes, chocolats etc …) Malgré les courses qui avaient été faites par nous-mêmes aidés de Germaine Kempo et Jyigmé(2 moines) nous avons dû, vu le nombre de participants retourner dans l’urgence acheter des marchandises … Une très belle réussite et l’occasion de se réunir.
Nous allons terminer en évoquant 2 projets qui, si nous les concrétisons, auront pour cadre le Tibet :
Germaine lors de son séjour en juin au Tibet dans la région du Kham, a pu constater puisqu’elle y a vécu que 5 villages proches les uns des autres qu’elle a traversés ne sont pas ravitaillés en eau alors qu’une source coule non loin de là, mais quand même à environ 1 heure de marche des villages. Son idée est de relier cette source à ces villages à l’aide de conduites d’eau… Le coût estimé est d’environ 2000€, la main d’œuvre étant les tibétains qui vivent sur place. Son association prend en charge 1000€ et elle nous a demandé de l’aide pour les 1000 restants. A nous tous d’en discuter….
Le second projet est celui du Kempo. Le village qu’il veut aider est lui aussi dans la région du Kham, c’est son village natal. A l’écart des routes, il est pratiquement abandonné et les habitants subsistent difficilement. Les enfants ne sont pas scolarisés ce qui signifie aucun moyen de s’en sortir pour l’avenir …Kempo veut commencer par construire une école et peu à peu y adjoindre les structures nécessaires (Centre de personnes âgées, dispensaire etc …) Pour l’instant il dispose de 4000€.
Nous allons avec l’aide de Francis Longavesne qui l’a rencontré à Dharamsala et trouvé son projet beau et bon, organiser une tournée de conférences en France dès que Kempo aura eu les autorisations signées des autorités chinoises.